jeudi 6 octobre 2016

Comment tu parles de ton père de Joann Sfar

Joann Sfar, Comment tu parles de ton père, éd. Albin Michel, 18 août 2016, 160 pages.


Joann Sfar est un tendre. Un sensible comme on n’en fait plus, ou presque. Un Romain Gary à sa manière – c’est peut-être le terrain niçois de l’enfance qui veut ça, et une judéité affirmée mais relativisée, envisagée comme une composante mais jamais comme un principe de base. André Sfar meurt dans les bras de son fils, dans l’hôpital de Nice où il agonisait. Histoire banale, mort triviale. La vie de tout un chacun, un jour ou l’autre. Les singularités familiales, les secrets et les tensions, les reproches et les aveux non prononcés, mal vécus, voilà le récit des hommes. Pour que ce récit devienne un texte littéraire et touchant, légèrement décalé sur la ligne du témoignage, il faut savoir tourner le dos au pathos larmoyant et faire confiance au comique de situation. Ne pas s’interdire de montrer ses larmes, mais entre « montrer » et « étaler », il y a un monde. Celui de l’élégance. Celui de l’émotion juste. Celui de Joann Sfar.