mardi 30 août 2016

Petit pays de Gaël Faye

Gaël Faye, Petit pays, éd. Grasset, 24 août 2016, 224 pages.

Dans l’ombre le diable continue ses manœuvres
Tu veux vivre malgré les cauchemars qui te hantent
Je suis semence d’exil d’un résidu d’étoile filante
[…]
Petit pays, je saigne de tes blessures


Le petit pays dont parle Gaël Faye dans les paroles de la chanson ci-dessus (album Pili pili sur un croissant au beurre, 2012) et dans son roman publié par Grasset en cette rentrée littéraire 2016, c’est le Burundi. Petit pays à l’histoire tragique, traversée de massacres à répétition entre Hutus et Tutsis, comme au Rwanda limitrophe, et que l’on a mis du temps à qualifier de génocide. Gaël Faye puise dans ses souvenirs d’enfance – pas si lointains, l’écrivain est jeune et la guerre qu’il nous raconte est celle de 1993 – et compose un roman en décalage de l’autobiographie, un roman qui donne à entendre, à hauteur d’enfant, la folie des hommes.

vendredi 26 août 2016

Cannibales de Régis Jauffret

Régis Jauffret, Cannibales, éd. du Seuil, 18 août 2016, 192 pages.

Une vieille mère et une jeune amante parlent de l’homme qu’elles ont en commun : Geoffrey, la cinquantaine bien tassée, fils adoré et amant éconduit. Elles en parlent sans doute de vive voix, lorsque Noémie va rendre visite à Jeanne, dans la ville proustienne de Cabourg. Mais le lecteur tient entre ses mains un roman épistolaire, et seules les lettres échangées entre les deux femmes – et quelques rares lettres du fils et amant – permettent de reconstituer ce qui s’est joué, ce qui a été envisagé et vécu. La correspondance est à la fois mensongère et révélatrice. Plus que dans le récit, les voix que l’on entend dans un roman épistolaire sont sujettes à caution. Régis Jauffret, dans son dernier ouvrage, traite le thème des liaisons dangereuses sur un mode plus qu’acide. Ses personnages marchent sur le fil d’une folie assumée, tressant la mort et l’amour dans des entrelacs et des retournements qui donnent à voir les circonvolutions de cerveaux enflammés.

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mercredi 17 août 2016

Fils du feu de Guy Boley

Guy Boley, Fils du feu, éd. Grasset, 160 pages, 24 août 2016.



On pourrait dire de ce roman que c’est l’histoire d’un tableau. Que ce qui nous est raconté dans la première partie, qui occupe largement les quatre cinquièmes du roman, est un prologue, ou l’explication en amont d’une toile qui sera peinte bien des années après, quand tout sera consommé et que la mort des parents sera venue. Alors, en une nuit de rhum, l’autoportrait pourra surgir.