vendredi 10 novembre 2017

Ör de Auður Ava Ólafsdóttir

Auður Ava Ólafsdóttir, Ör, traduit de l’islandais par Catherine Eyjólfsson, éd. Zulma, 5 octobre 2017, 240 pages.

Les personnages de la romancière islandaise Auður Ava Ólafsdóttir semblent vivre dans un monde flottant. A moins que ce ne soient eux, qui flottent. Les émotions qu’ils éprouvent, les embûches que la vie sème sur leur passage,  les hasards et les coïncidences qui les poursuivent les atteignent de plein fouet, mais leurs réactions sont d’une gravité légère. La mort plane, mais elle est moins une menace qu’une composante inévitable. Et le sursaut dont ils font preuve le plus souvent n’est ni vraiment vital ni tout à fait animal, il est de l’ordre de l’essentiel. Un essentiel jamais exprimé en tant que tel, toujours suggéré dans les replis de dialogues écrits au cordeau où l’on entend les silences.

Auður Ava Ólafsdóttir écrit avec grâce. Avec une grâce folle, une tendresse attentionnée. Elle prend autant soin de ses personnages que de ses lecteurs. Ce refus de brusquer, et sa manière si particulière de mêler le quotidien aux questions philosophiques, donnent à ses romans une tonalité d’empathie exceptionnelle. Cette femme-là, elle sait ce qui se passe en nous, en nous tous. 

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