mardi 2 janvier 2018

L’Ancêtre de Juan José Saer

Juan José Saer, L’Ancêtre (El entenado, 1983), traduit de l’argentin par Laure Bataillon, éditions le Tripode, 11 janvier 2018, 192 pages.


Un jeune marin se retrouve tout seul dans des terres dont il ignore tout, loin de son équipage, et va vivre des années au sein d’une tribu avant de retrouver son pays d’origine. Cette anecdote, base de récits romanesques et réflexifs, est un motif qui parcourt une bonne part de la littérature de tous les pays. Elle permet le regard sur l’autre, la mise en parallèle des civilisations, l’observation des mœurs et coutumes de l’inconnu enfin découvert, la surprise et l’incompréhension. Pour le lecteur francophone de littérature contemporaine, cette histoire renvoie en premier lieu au très beau roman de François Garde Ce qu’il advint du sauvage blanc (Gallimard, 2012, prix Goncourt du premier roman). Le héros de François Garde, un mousse vendéen abandonné par son équipage sur les côtes de l’Australie, est adopté par les Aborigènes puis recueilli à Sydney par ce que l’on appelle encore à l’époque un explorateur – nous sommes au milieu du XIXème siècle. La force du roman de Garde repose sur le récit « en creux » : rien n’est dit au lecteur de la vie du mousse au sein de la tribu. Il garde son secret, tandis que s’agitent autour de son cas les représentants des sociétés savantes européennes. Le roman est basé sur une histoire vraie.

L’écrivain argentin Juan José Saer (1937-2005) avait publié en 1983 un roman exceptionnel basé sur ce même motif : un petit mousse se retrouve seul dans un environnement qu’il ne connaît pas, passe quelques années dans une tribu autochtone qui l’accueille et l’adopte, puis revient chez lui. L’histoire est, là aussi,  basée sur des faits avérés. Mais nous sommes au début du XVIème, en Amérique latine, dans le Cône sud plus précisément, entre les fleuves Paraná et Uruguay. 

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